Les néphropathies interstitielles représentent une cause peu fréquente d’insuffisance rénale.

Le but de ce travail était d’étudier leur profil clinique, étiologique et évolutif.

Il s’agit d’une étude rétrospective sur une période de 14 ans (janvier 2001–décembre 2015) incluant tous les cas de néphropathie interstitielle confirmés histologiquement au service de néphrologie de Sfax. Nous avons recueilli les données cliniques, biologiques, histologiques et évolutifs.

Nous avons colligé 43 malades. L’âge moyen était de 48 ans (16–83) avec un sex-ratio H/F de 0,86. Au moment du diagnostic la pression artérielle moyenne était de 135/81 mmHg. La diurèse était conservée dans 40 cas (93 %). L’hématurie a été observée dans 24 cas (55,8 %). La protéinurie moyenne était de 0,87g/j (0–2,6). Le taux moyen de créatinine était de 489,65μmol/L (61–1585) avec recours à l’hémodialyse en urgence dans 10 cas. Des signes extrarénaux étaient présents dans 26 cas (60 %). La biopsie rénale a été indiquée devant une insuffisance rénale dans 37 cas (86 %) et anomalies du sédiment urinaire dans 6 cas (14 %). Un infiltrat interstitiel a été observé dans 35 cas. La fibrose interstitielle a été observée dans 32 cas. Des lésions glomérulaires à type d’hyalinose segmentaire et focale ont été observées dans 4 cas. Les étiologies des néphropathies interstitielles étaient infectieuses dans 7 cas. L’origine immunologique a été observée dans 5 cas dont 2 cas de TINU syndrome, 2 cas de syndrome de Goujerot Sjogren et un cas de maladie de Still. L’origine médicamenteuse et toxique a été notée dans 9 cas. L’origine urologique a été retenue dans 5 cas. Quatre patients avaient une gammapathie de signification rénale et un patient avait un myélome. L’origine familiale était observée dans 6 cas. L’étiologie était indéterminée dans 5 cas. Le traitement étiologique était initié chez 22 cas. L’évolution était marquée par la récupération totale de la fonction rénale chez 6 patients (14 %), une IRC résiduelle chez 15 patients (35 %) et une IRC terminale chez 15 patients (35 %). Sept patients étaient perdus de vue. L’âge jeune était un facteur prédictif de récupération de la fonction rénale (p=0,005). La présence d’une fibrose interstitielle sévère était un facteur prédictif de passage au stade 5 de la maladie rénale chronique (p=0,03).

Les étiologies de la néphropathie interstitielle sont nombreuses (médicamenteuses, infectieuse, urologiques, immunologique, héréditaire, hématologiques…). Le pronostic dépend essentiellement de l’âge du patient, l’étiologie de l’insuffisance rénale et la rapidité de prise en charge. Dans notre étude l’âge et la présence de fibrose interstitielle étaient des facteurs pronostics.